Un enseignement malade…des écoles actives en mode « Titanic »

La Belgique deviendra-t-elle le centre mondial des écoles à pédagogies actives ? Depuis quelques années, les établissements à pédagogie active poussent comme des champignons.
Dans un contexte où dans certaines régions les parents sont obligés de s’armer de courage pour trouver une école pour leur enfant, il s’agit pour eux de leur trouver une place, de préférence accessible en transport en commun, avec un enseignement qui répondrait à leurs attentes qualitatives sur l’enseignement et sa pédagogie.
Cette demande criante d’établissements scolaires ouvre la porte à l’ouverture d’écoles aux pédagogies différenciées, c’est en effet l’occasion de proposer un autre type d’enseignement. Le nôtre serait-il gravement malade ? Si l’on s’appuie sur les enquêtes PISA, sur le taux de redoublement, sur la pénurie d’enseignants ainsi que sur le taux de décrochage scolaire, on pourrait bien le croire.
À l’heure où les écoles d’enseignement traditionnel peinent à trouver une main d’œuvre qualifiée, nous pouvons nous demander comment font ces établissements pour trouver les professeurs formés et compétents dans la pédagogie active qui fait l’ADN de ces derniers ?
En effet, la formation initiale des enseignants n’aborde pas ou peu les pédagogies actives. Nous savons de plus que modifier le programme de formation pour s’adapter au mieux aux nouveaux besoins des écoles prendra du temps. Doit-on dès lors être rassurés par la formation récente organisée par Céria sur le sujet, par la formation Freinet organisée par le Mouvement Freinet Belge et l’éducation populaire qui ne peut accepter que 25 candidats par an ainsi que par les formations privées Montessori fort onéreuses ? Hélas, non. Ces dispositifs ont le mérite d’exister, mais ne peux raisonnablement pas accueillir tous les enseignants. D’autant plus que les enseignants d’écoles traditionnelles sont eux aussi en demande d’enseigner autrement. Les places en formation deviennent rares et précieuses.
L’éclaircie viendrait-elle de la réforme de la formation des enseignants ? Les hautes-écoles intègreront-elles d’une manière ou d’une autre une formation plus importante à l’enseignement basé sur la pédagogie Montessori, les techniques de Célestin Freinet, l’enseignement selon Ovide Decroly ou la Pédagogie intelligences multiples ? Encore une fois, une pointe de pessimisme entache mon propos. Comme développé plus haut, cette tâche prendra du temps. Du temps dont nos enseignants et futurs enseignants ne disposent pas pour enseigner mieux, demain, dans leurs classes.
Pourtant, il n’est pas encore trop tard. Nul besoin de dépeindre uniquement un paysage éducatif moribond.

  • Aux parents qui souhaitent inscrire leurs enfants dans ce type d’enseignements : soyez lucides sur les besoins et difficultés de ces établissements scolaires, soutenez-les !
  • Aux directeurs des catégories pédagogiques des Hautes-écoles : intégrez les pédagogies actives dans le cursus de vos étudiants dès que possible. Ils en auront besoin s’ils souhaitent travailler dans une école active et si ce n’est pas le cas, vous leur donnerez la capacité de s’ouvrir à autre chose, d’être créatif, d’oser tenter de nouvelles expériences afin de répondre aux difficultés de leurs élèves, quelle que soit la pédagogie développée dans leur école.
  • Aux responsables des opérateurs de formation : ouvrez vos catalogues de formation aux pédagogies actives même si votre réseau n’a pas d’école active. Les demandes vont affluer dès que l’offre sera à la portée de tous. Il y a une réelle demande.
  • À tous les responsables du secteur de l’enseignement : bousculez vos habitudes, repoussez les limites, tentez de nouvelles choses.

Essayons de ne plus être systématiquement dans une démarche de réponse à un problème déjà conséquent, anticipons et soyons fiers de l’enseignement avant-gardiste dont nous pourrons partager l’expertise dans toute l’Europe… jusqu’au Canada !