Aujourd’hui, encore plus qu’hier, la société demande aux enseignants d’être des grands cuisiniers et de sublimer les ingrédients pour permettre aux élèves de retrouver le plaisir d’apprendre. Ce plaisir d’apprendre, qui se développe lors de l’enfance, s’étiole parfois au fil du temps. Pourtant, l’enseignement traditionnel représente de moins en moins la recette miracle face aux difficultés scolaires rencontrées.
Lorsque nos enfants étaient petits, ils s’émerveillaient d’un morceau de bois, d’un bruit, de deux blocs à juxtaposer. C’est la période pendant laquelle les parents, les oncles et tantes cherchent à offrir le jouet qui sera le plus éducatif et stimulant pour l’enfant. Plus tard dans leur croissance, on s’écarte de cet objectif éducatif et il s’agira davantage de chercher à faire plaisir aux enfants par le biais des jeux. Le jouet, et par extension le jeu, a alors perdu sa dimension éducative et devient uniquement un instrument de plaisir.
En parallèle, le monde de l’école va quant à lui privilégier l’outil et la dimension d’apprentissage, au détriment de la dimension plaisir des choses. Petit à petit, le jeu disparaît entièrement du parcours scolaire, et la fracture entre la famille et l’école s’accroît.
Adulte, il nous arrive de pas aimer jouer pour de multiples raisons : règles complexes, jeu qui demande trop de réflexion, jeu trop abstrait ou qui nécessite de faire appel à des ressources que nous pensons ne pas avoir (stratégie, expérience de jeu, savoir ludique, concentration, etc.). Une mauvaise expérience, une rencontre avec un joueur peu patient ou peu empathique, un jeu inapproprié à la personnalité ou aux compétences des jours sont autant d’explication sur notre éventuelle inimité face au jeu.
Pourtant, il est difficilement contestable que le plaisir est essentiel à l’apprentissage et que le jeu mobilise par ailleurs de nombreuses compétences. La fracture entre apprentissage et jeu doit se résorber. Je suis convaincu que le jeu à sa place dans chaque classe et dans chaque foyer, mais pas n’importe comment. Il faut savoir être ce grand cuistot, savoir choisir le bon produit, bien le travailler et bien le présenter pour que tout le monde y trouve son plaisir.
Grâce à mes activités professionnelles de maître-assistant en sciences et techniques du jeu à la HE2B de professeur de jeu en secondaire avec des élèves en décrochage et expert en intelligences multiples, j’ai peu à peu apporté un regard neuf et pédagogique sur le jeu. Ce travail, long de plusieurs années, se trouve aujourd’hui dans l’ouvrage « Motivez les enfants par le jeu » édité par De Boeck Supérieur.
En plus de trois cents pages, il s’agissait d’élaborer un ouvrage ressource permettant à tout un chacun d’avoir des pistes d’idées de jeux à utiliser pour développer telle ou telle compétence, d’aider les élèves à acquérir une pensée logique ou encore à l’adulte d’animer un groupe de jeunes.
Il est évident que ce livre ne remplace pas une formation spécifique sur le sujet, mais aujourd’hui vous avez un premier outil à disposition pour vous lancer dans l’intégration du jeu dans vos classes ou dans vos familles.
Le jeu crée du contact entre les joueurs, invite à se socialiser et à développer de nombreuses compétences transversales comme la logique, le langage ou la coopération.
Jouer crée du contact entre les joueurs, socialise et de nombreuses compétences transversales : la logique, le langage, la coopération etc. C’est pourquoi la ludopédagogie doit avoir une réelle place dans nos maisons… et dans nos classes !

 Renaud Keymeulen